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L'Œil de Jérémy

Un œil sur la vie culturelle, l'autre sur les médias. Toujours critique, pas toujours objectif, mais jamais perfide (enfin pas trop).


Journal de bord : Daily FIFIB, Jour 4

Publié par Jérémy Mercier sur 18 Octobre 2016, 01:17am

Catégories : #Cinéma, #Festival, #FIFIB

Après avoir suivi la compétition principale, il était temps de se pencher sur la compétition qui est parfois la plus audacieuse : les courts-métrages. La première partie de la compétition commençait en début d'après-midi, et proposait un ensemble éclectique, varié mais cohérent. On notera essentiellement Chasse Royale, le premier des courts qui offrait un point de vue sur les castings « sauvages » au travers d'une jeune fille de milieu populaire à Valenciennes, avec des personnages authentiques, plus que réalistes : réels. Le langage y est cru, sans filtre, à l'image de ceux qu'incarnent les acteurs qui livrent une tranche de réel, une part de quotidien qui nous saisi par l'énergie et l'émotion qu'ils véhiculent. Mention spéciale, au delà de la talentueuse actrice en charge du rôle principal, à celui qui joue son petit frère, qui est bluffant dans sa prestation. Je suis Gong est le deuxième court-métrage que nous avons relevé. Les personnages sont drôles, attachants et livrent une prestation sincère, encore une fois sans filtre. Adapté du poème d'Henri Michaud, Je suis Gong place dans la cité de La Courneuve un dispositif caméra inspiré des chats vidéos des réseaux sociaux face auquel les personnages se livrent à leur manière, offrant de beaux moments, parfois drôles, parfois émouvants, mais toujours directs et francs. Le reste nous a laissé soit une impression d'ennui, soit de gêne doublée d'incompréhension.

Avant de finir la compétition des courts, nous sommes brièvement revenus à la compétition principale, celles des longs avec le film québécois Nelly réalisé par Anne Émond, qui est librement adapté de la vie et de l'œuvre de Nelly Arcan, incarnée dans quatre personnages/facettes par Mylène Mackay. Film fragmentaire, passant d'une « personnalité » à l'autre, c’est d’ailleurs ce qui fait la force et l’originalité de ce biopic (qui n’en est pas un véritablement in fine), mais qui déstabilise aussi. Où est la frontière entre le réel et la fiction ? La réalisatrice nous donne la clé : pour schématiser, c'est un tiers basé sur la vie de l'auteure, un tiers basé sur ses écrits, et un tiers issu de l'imaginaire d'Anne Émond qui est une grande admiratrice de l'écrivaine tourmentée qui a mis à ses jours en 2009. Son œuvre était d'ailleurs la chronique annoncée d'un suicide inévitable, qu'elle a évoqué à de nombreuses reprises dans sa carrière courte mais intense, notamment dans sa patrie. Restent que le film est vraisemblablement trop long, et comporte plusieurs scènes qui n’apportent pas grand chose, voire qui alourdissent et gâchent l’ensemble.

Retour ensuite à la compétition des courts-métrages avec la deuxième et dernière partie, qui se déroulait comme la première dans la Station Ausone, la nouvelle salle de la librairie Mollat. Si chaque court est différent, on notera dans chacun des deux ensembles, ainsi que sur l’ensemble de la sélection de cette compétition une cohérence, qu’on ne trouvait pas dans celle de l’édition 2015. On retiendra le film d’animation Peripheria mettant en scène des chiens sauvages dans une cité sur le point d’être détruite, qui installait immédiatement une atmosphère très particulière, habitée par un silence de mort dans lequel chaque bruit paraît être assourdissant. The Hunchback mettait quant à lui en scène dans un univers futuriste une version aliénante du jeu de rôles cher aux « team buildings » très à la mode en ce moment dans le monde des entreprises : des mises en scènes passant par l’incarnation de personnages pour se découvrir et créer une cohésion, un esprit d’équipe. Le tout dans une entreprise qui dépossède les employés de toute liberté, cela donne un jeu de rôle dans un monde médiéval digital avec une ambiance plus proche du malsain d’un Battle Royale (même si le but premier n’est pas de causer la mort) que d’un gentil jeu de rôle entre collègues. Quelques longueurs dans l’ensemble mais un projet original. Enfin pour finir, un de nos coups de cœur dans cette sélection de court, Noyade Interdite, dénonçant avec humour le pourtant très éculé sujet de la « société de consommation », avec un style bien à lui, dans un univers entre le gris terne et les couleurs flashy bleu et rose façon parc d’attraction. Le gag récurrent « Insérez une pièce », phrase omniprésente dans ce monde, rappelle ces fameux lieux dans lesquels même une fontaine possède sa fente à pièces. Nous passerons sur ceux que nous n’avons pas aimé, mais il faut saluer un aspect tout de même du dernier court, Notre Héritage de Jonathan Vinel et Caroline Poggi qui parvient à amener audacieusement et avec succès l’image pornographique dans une œuvre de cinéma. Reste qu’hormis ceci, nous n’aurons définitivement pas accroché à leur univers.

Et bien sûr, on ne peut pas finir sans passer par l’indispensable Village Mably pour retrouver festivaliers et jurés, tous réunis entre fifibiens. Il nous reste à conclure cet épisode 4 du Daily FIFIB, pour mieux se retrouver pour un épisode 5 plutôt court, et bien sûr le 6e et dernier épisode qui conclura en apothéose ce festival !

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